Démarche artistique
Je crée des oeuvres à partir d’objets ordinaires cueillis directement de notre quotidien pour en altérer la lecture, le sens et la valeur. Par exemple, j’ai transfiguré des parapluies en fleurs, changé des clés de maison en carillon, métamorphosé un panier de plastique pour la lessive en rosace de cathédrale. Le choix de l’objet à pervertir peut provenir d’une collection à partir de règle que je m’impose; d’un choix résolu correspondant à un évènement d’actualité; l’objet vient s’imposer à moi suite à des évènements hors de mon contrôle.
Ma pratique artistique tente de nous amener à voir les choses qui nous entourent différemment. La notion de recyclage au sens propre et figuré est primordiale. Les réalités banales que j’intègre à mes installations et performances sont facilement reconnaissables. C’est la nouvelle vocation que je donne à ces semi-readymades qui surprend. Ces interventions cherchent à modifier notre mémoire émotive liée à ces choses tellement ordinaires pour ébranler nos idées préconçues.
Chacun de mes projets est motivé par une direction très précise. Cependant, j’ai vite compris que je ne pouvais en prévoir la lecture et la réaction. C’est ainsi que j’ai appris à laisser une grande liberté d’interprétation à tous ceux qui veulent bien expérimenter mes propositions. Le plus important est que les gens réagissent à mes projets, qu'il y trouve une référence qui les touche, peu m'importe la direction de la réponse, pourvu qu'il y en ait une.
Depuis, le début de ma pratique professionnelle en 1987, je réalise des performances en parallèle à ma pratique sculpturale. Ces performances naissaient de façon spontanée et sans prétention, c’était une idée qui se manifestait. C’est en développant ces actions que j’ai commencé à me familiariser avec les notions temporelles et à les intégrer dans mes oeuvres installatives. Depuis 1998, je qualifie ces projets d’« oeuvres Mouvelles » que je définis ainsi : une oeuvre matérielle qui nécessite un certain temps d’observation pour être appréhendée dans son intégralité. Tout comme une oeuvre musicale requiert l’écoute dans son déroulement temporel entier et qu’un fragment ponctuel ne peut en livrer l'expression, une oeuvre Mouvelle existe dans un temps renouvelé, car sa nature impose un espace-temps.
Cela étant, ce n’est pas une grande surprise de voir apparaitre des composantes de sculptures dans mes performances et inversement, de voir des éléments de performance venir modifier mes installations. De plus en plus, je deviens consciente de cette particularité et j’essaie de créer une sorte d’alliage installation-performance qui serait indissociable. Je rêve d’inventer un androgyne sculpture-performance avec des choses ordinaires.
La progression de ma recherche se développe comme une suite ininterrompue et graduelle. Chaque proposition découle de la précédente et toute l’expérience technique et sensible antérieure s’ajoute au projet sur lequel je travaille. Cependant, c’est loin d’être un processus conscient et c’est souvent lors d’une présentation théorique que je découvre les liens flagrants de la chaine et j’en suis la première étonnée.
Diane Landry
Septembre 2014
Artistic Statement
I create works out of ordinary objects, gathered directly from everyday life, whose meaning and value and our understanding of them I alter. For example, I have transfigured umbrellas into butterflies, changed house keys into a carillon, and metamorphosed a plastic laundry basket into a cathedral rosette. The object being corrupted can be part of a collection based on a self-imposed rule; a deliberate choice based on a current event; or something that simply forced its attention upon me in the course of events beyond my control.
My artistic practice attempts to lead us to see the things around us differently. The concept of recycling, in both the literal and figurative sense, is of primary importance. The banal realities I incorporate into my installations and performances are easily recognisable. What is startling is the new vocation I give to these semi-readymades. These interventions seek to alter our emotional memory of such extremely ordinary things in order to shake up our preconceived ideas.
Each of my projects is motivated by a very precise direction. I quickly learned, however, that I could not predict people’s understanding of them or reaction to them. In this way I have learned to leave great interpretative freedom to all those who wish to experience what I have to propose. The most important thing is that people react to my projects, that the work has a reference that touches them. The direction of the response does not matter; what is important is for there to be one.
Since the beginning of my professional artistic career in 1987 I have created performances alongside my work in sculpture. These performances came to life spontaneously and without pretention; they were an idea that presented itself. It was in developing this activity that I began to familiarise myself with temporal concepts and to incorporate into my installations. Since 1998, I have called these projects “Mouvelles”, which I define as material works which require a certain period of observation to be apprehended in their entirety. Just as a musical composition requires that we listen to it as it unfolds in time, and just as a fragment can not express it, a Mouvelle exists in a renewed time, because by nature it imposes a space-time.
That being the case, it is not particularly surprising to see sculptural elements in my performances or, conversely, to see performative elements modify my installations. I am increasingly aware of this peculiarity and I try to create a kind of indivisible alloy of installation and performance. I dream of inventing a hermaphroditic sculpture-performance out of ordinary objects.
My artistic enquiries have developed as an uninterrupted and gradual sequence. Each proposition derives from the pervious one and the entire technical and sentient previous experience is added to the one on which I am currently working. Nevertheless, this is far from being a conscious process and it is often in the course of a theoretical presentation that I discover the glaring links of the chain, by which I am the first to be astonished.
Diane Landry
September 2014