Le nième continent

Le nième continent
2014

installation avec automatisation
jantes, objets choisis, bois, aluminium, moteurs, roulement à billes
5 x ( 157 x 90 x 65 cm)

2018

  • Trajectoire des sens, Biennale internationale de sculpture contemporaine, Centre d’exposition Raymond-Lasnier, Trois-Rivières (Québec, Canada).

2016

  • Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce, Montréal (Québec, Canada).

2014

  • L'Échappée, Galerie Michel Guimont, Québec (Québec, Canada).

Autour du nième continent

Entrer dans l’œuvre de Diane Landry, c’est entrer dans le monde fascinant de la lumière, du mouvement de la couleur et du son. Pourtant, ses œuvres sont composées de matériaux des plus simples, souvent récupérés ou trouvés : bouteilles de plastique, passoires, jantes de bicyclette, vieux tourne-disques, parapluies, etc. L’artiste assemble en de savants bricolages tout ce fatras d’objets; elle crée de singulières chorégraphies suscitant l’émerveillement et l’inattendu. C’est dans cette capacité à susciter l'enchantement que réside l’habileté de Diane Landry; à partir d’objets banals issus du quotidien, elle élabore une expérience sensorielle totale, régalant les yeux, les oreilles et le cœur. Dans son univers généreux et grouillant, de vulgaires passoires deviennent les trames surnaturelles de projections de lumière, des ustensiles de plastiques s’assemblent pour former des épuisettes, des parapluies se déploient en d’élégants ballets, des essoreuses à laitue servent de dispositifs de visionnement d’images en mouvement, des toiles de plastique évoquent la mer…. L’objet récupéré n’est pourtant qu’une prémisse, un point de projection cérébral vers l’imaginaire. Il devient le prétexte d'un long travail d’ « ingénierie » impliquant une grande connaissance approfondie des procédés d’automatisation et de mise en mouvement - ce processus d’une haute précision oscille entre la mécanique et l’horlogerie. C’est sans conteste le cas pour Le nième continent.

Les matériaux de base employés pour la création de cette installation sont encore une fois d’une simplicité désarmante : jantes de bicyclette, bouteilles de plastique, règles de bois, brosse et sceau en plastique, etc. Cinq armatures en métal soutiennent chacune deux jantes au centre desquelles est tendu un fil soutenant horizontalement une bouteille tel un noyau flottant. Une grande règle de bois relie les jantes à un petit moteur qui leur communique un mouvement continu. Suspendu à chacun des cercles en équilibre, un objet usuel pend au bout d'une corde. Le poids mesuré des différents objets est essentiel pour générer le bercement des quasi-sphères. La masse agit sur l'oscillation et crée le mouvement perpétuel rappelant la course hypnotique des pendules. Dans leur ensemble, les constructions épurées du Nième continent suggèrent l’idée de l’antique globe terrestre fixé sur un élégant chevalet de bois. Or, si l’esthétique générale de cette installation procure une impression envoûtante et somme toute contemplative, il est à se demander si le principe fondateur du nième continent n’est pas à mettre en parallèle avec la présence récemment détectée dans les mers du Pacifique de ces immenses et effrayantes « iles flottantes », composées essentiellement de fragments d’objets de plastique jetés par les humains…

(texte paru dans Biotope Art+environnement > architecture durable, Division de la culture, Arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Montréal, 2016.)